Si les origines de la QHSE remontent à plusieurs décennies – avec une réelle prise de conscience dans les années 50 liée à l’industrialisation croissante – la publication de la norme ISO 9001 en 1987 a marqué un tournant avec un cadre systématique et un suivi QHSE ormé. La norme OHSAS 18001 en 1999, remplacée en 2018 par la norme ISO 45001, a permis d’établir des directives claires pour prévenir les accidents et les maladies professionnelles.

Découvrez comment Gustave Eiffel, en grand visionnaire qui se respecte, a intégré dès 1887 des pratiques et un suivi QHSE dans ses projets dont la tour Eiffel a été l’exemple le plus éclatant. À une époque où les notions de QHSE étaient encore embryonnaires, il a mis en place des mesures innovantes, rigoureuses et surtout inspirantes, véritables bases des best practices QHSE actuelles. 

La tour Eiffel : la tour de toutes les audaces et de tous les dangers !

La construction de la Tour de 300 mètres (comme on la nommait à ses débuts) est un projet d’ingénierie extrêmement moderne et sans doute l’un des plus emblématiques du 19ème siècle. Conçue pour être une des attractions principales de l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, la tour se veut la démonstration de l’excellence industrielle française ainsi qu’un symbole de l’innovation et du progrès. Ériger une tour de 330 mètres dans un délai très court nécessite une approche novatrice dans tous les domaines.

Gustave Eiffel va relever ce défi avec une rigueur, une vision, une agilité qui dépassent largement les standards de son époque. Le chantier est remarquable aussi par son approche en matière de gestion de la qualité, de la santé, de la sécurité et de l’environnement (QHSE), des concepts qui n’étaient pas encore formalisés comme aujourd’hui.

suivi QHSE

350 ouvriers, dont 200 « charpentiers du ciel », 50 ingénieurs, une tour de 330 mètres et aucun accident mortel

Le 26 janvier 1887, quand les travaux débutent, 50 ingénieurs, 150 ouvriers à l’usine de Levallois et 200 sur le site sont mobilisés et nombreux sont ceux qui pensent que la construction se traduira en véritable hécatombe humaine.

Malgré les défis techniques et des grèves des ouvriers, le projet avance rapidement et n’affichera aucun accident mortel (hormis le décès d’un ouvrier venu visiter le chantier avec sa belle, en dehors des heures de travail).

135 ans après, elle est toujours debout, peinte à maintes reprises et toujours aussi efficace et robuste.

Ce résultat a été rendu possible grâce à Gustave Eiffel et à son exigence sur son suivi QHSE qui repose sur trois points clés :

  • La qualité de l’exécution,
  • L’agilité de ses managers 
  • La sécurité de ses équipes.

Une gestion de la QUALITÉ qui repose sur un souci du détail et une organisation rigoureuse

La démarche d’Eiffel a toujours été centrée sur la précision et la qualité. Il est d’ailleurs célèbre pour avoir sauvé un de ses ouvriers de la noyade lors de la construction d’un pont à Bordeaux. 

Le défi qu’il doit relever avec la Tour de 1.000 pieds ne supporte pas l’imperfection, d’autant que la Tour est, dès l’annonce de la candidature pour le projet, un sujet de polémique. 

Il va choisir de fabriquer chaque composant de la Tour dans ses ateliers avec un contrôle qualité exceptionnel pour l’époque. Les 18 038 pièces qui composent la tour sont découpées, pré-percées et assemblées de façon très stricte dans les ateliers Eiffel. Chaque pièce est vérifiée pour s’assurer qu’elle est en phase avec les spécifications avec un grand souci du détail pour assurer la robustesse et la durabilité de la structure.

Chaque composant métallique doit en effet s’emboîter avec une précision millimétrique.

Gustave Eiffel instaure une organisation méticuleuse du chantier intégrant une planification et une gestion rigoureuses, des contrôles qualité constants, et un suivi minutieux de chaque étape de fabrication et d’assemblage.

Il va également mettre un point d’honneur à développer un système de suivi QHSE avec une documentation détaillée pour suivre la progression des travaux et les inspections de qualité, permettant une traçabilité parfaite des processus.

Une approche de l’HYGIÈNE visionnaire grâce à des conditions de travail exemplaires

En 1887, les conditions de travail étaient précaires et Gustave Eiffel porte une attention particulière à l’hygiène et au bien-être de ses ouvriers, car il comprend rapidement l’importance pour lui d’avoir une équipe motivée et qui se sent en sécurité. Il met en place des installations sanitaires sur le chantier – du jamais vu pour l’époque – et installe des vestiaires et des lieux de repos. Il installe également une cantine au premier étage avec un cuisinier qui sert des repas chauds (une première à cette hauteur) et prend en charge 20 % du coût du repas. Il fait coup double en nourrissant sainement ses ouvriers et en évitant qu’ils ne perdent du temps à descendre se restaurer.  

Ces mesures ne suffiront pas à empêcher le déclenchement de grèves, mais Eiffel saura apporter rapidement une réponse aux revendications : hausse de salaire, prime exceptionnelle de résultat, prise en charge des cotisations accidents (2 % à l’époque), entre autres.

Ces mesures ont sans aucun doute contribué à réduire les risques de maladies et à améliorer la sécurité et le moral des ouvriers, et donc leur productivité et leur engagement. Gustave Eiffel, sans le savoir, avait déjà défini des normes en matière de conditions de travail qui préfigurent les normes actuelles de la QHSE.

Une approche proactive de la SÉCURITÉ accidents au cœur du management du projet

La sécurité était une priorité absolue pour Gustave Eiffel, qui, rappelons-le, avait pour ambition de ne déplorer aucun mort sur son chantier. 

Il va organiser sa réflexion autour de 3 axes clés, étonnamment modernes :

  • Prévenir les accidents avec des « EPI » 

Bien conscient des dangers liés à la construction d’une structure aussi haute, il met en place des mesures de sécurité innovantes avec notamment : des harnais de sécurité et des filets installés pour prévenir les chutes. Eiffel sera également attentif à la consommation d’alcool sur le chantier qu’il estime responsable de la plupart des accidents.

  • Former et sensibiliser les ouvriers 

Eiffel a également mis l’accent sur la formation des ouvriers, qui recevaient, avant de commencer le travail en hauteur, une formation spécifique pour les sensibiliser aux risques et aux mesures de sécurité à respecter. 

  • Mettre en place un « leadership » en faisant de chaque chef d’équipe un responsable sécurité et qualité

Non seulement Eiffel va recruter des managers sur leurs « soft skills » mais il va aussi en faire de véritables garants de la sécurité des ouvriers. 

Jean Compagnon, charpentier chef du montage de la Tour Eiffel, va concevoir un « séminaire d’intégration » pour les chefs d’équipe afin de valider leurs compétences techniques et comportementales. Ils seront également responsables de la sécurité des ouvriers et devront   vérifier la solidité des échafaudages et le bon arrimage des filins de sécurité individuels.

Rappelons que cette approche proactive de la sécurité, centrée sur la prévention des accidents, la formation et la sensibilisation des équipes, sans oublier le leadership et le suivi QHSE, est aujourd’hui un pilier des systèmes de gestion QHSE 

 

Une approche durable et une conscience de l’impact sur son ENVIRONNEMENT

Gustave Eiffel est également conscient de l’impact de son projet sur l’environnement local qu’il a pris soin de minimiser pendant la construction. Par exemple, il s’assure que les fondations de la tour soient conçues pour s’adapter au sol sans nécessiter de grandes excavations.

Il choisit le fer, un matériau durable et recyclable, avec l’idée de créer une structure résistante mais aussi durable. Eiffel fera tout pour que sa tour ne soit pas mise au rebut, lui trouva une utilité afin qu’elle ne soit pas détruite.

Notre héritage : l’approche visionnaire et inspirante de Gustave Eiffel en matière de QHSE 

Les pratiques mises en œuvre par Gustave Eiffel lors de la construction de sa tour reflètent le génie visionnaire de l’homme qui fut aussi un précurseur en management et en communication (mais ça c’est une autre histoire). Sa gestion rigoureuse de la qualité, son souci de l’hygiène et des conditions de travail, son approche proactive de la sécurité, et sa préoccupation pour la durabilité sont les éléments fondateurs des systèmes de gestion QHSE actuels.

Avant l’heure, il a privilégié la traçabilité, la qualité d’exécution, la formation et la prévention des risques avec un niveau d’exigence qui n’a pas à rougir des pratiques modernes.

Si les conditions ont changé, il n’en reste pas moins que nous avons tous des leçons précieuses à tirer de l’approche de Gustave Eiffel pour améliorer nos propres pratiques et notre suivi QHSE.

Nous pouvons nous inspirer de l’esprit et de la culture de la sécurité, de la qualité, et de la durabilité de celui que nous pouvons considérer comme le premier directeur QHSE des temps modernes.

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Sources :