350 ouvriers, dont 200 « charpentiers du ciel », 50 ingénieurs, une tour de 330 mètres et aucun accident mortel
Le 26 janvier 1887, quand les travaux débutent, 50 ingénieurs, 150 ouvriers à l’usine de Levallois et 200 sur le site sont mobilisés et nombreux sont ceux qui pensent que la construction se traduira en véritable hécatombe humaine.
Malgré les défis techniques et des grèves des ouvriers, le projet avance rapidement et n’affichera aucun accident mortel (hormis le décès d’un ouvrier venu visiter le chantier avec sa belle, en dehors des heures de travail).
135 ans après, elle est toujours debout, peinte à maintes reprises et toujours aussi efficace et robuste.
Ce résultat a été rendu possible grâce à Gustave Eiffel et à son exigence sur son suivi QHSE qui repose sur trois points clés :
Une approche de l’HYGIÈNE visionnaire grâce à des conditions de travail exemplaires
En 1887, les conditions de travail étaient précaires et Gustave Eiffel porte une attention particulière à l’hygiène et au bien-être de ses ouvriers, car il comprend rapidement l’importance pour lui d’avoir une équipe motivée et qui se sent en sécurité. Il met en place des installations sanitaires sur le chantier – du jamais vu pour l’époque – et installe des vestiaires et des lieux de repos. Il installe également une cantine au premier étage avec un cuisinier qui sert des repas chauds (une première à cette hauteur) et prend en charge 20 % du coût du repas. Il fait coup double en nourrissant sainement ses ouvriers et en évitant qu’ils ne perdent du temps à descendre se restaurer.
Ces mesures ne suffiront pas à empêcher le déclenchement de grèves, mais Eiffel saura apporter rapidement une réponse aux revendications : hausse de salaire, prime exceptionnelle de résultat, prise en charge des cotisations accidents (2 % à l’époque), entre autres.
Ces mesures ont sans aucun doute contribué à réduire les risques de maladies et à améliorer la sécurité et le moral des ouvriers, et donc leur productivité et leur engagement. Gustave Eiffel, sans le savoir, avait déjà défini des normes en matière de conditions de travail qui préfigurent les normes actuelles de la QHSE.
Une approche durable et une conscience de l’impact sur son ENVIRONNEMENT
Gustave Eiffel est également conscient de l’impact de son projet sur l’environnement local qu’il a pris soin de minimiser pendant la construction. Par exemple, il s’assure que les fondations de la tour soient conçues pour s’adapter au sol sans nécessiter de grandes excavations.
Il choisit le fer, un matériau durable et recyclable, avec l’idée de créer une structure résistante mais aussi durable. Eiffel fera tout pour que sa tour ne soit pas mise au rebut, lui trouva une utilité afin qu’elle ne soit pas détruite.
Notre héritage : l’approche visionnaire et inspirante de Gustave Eiffel en matière de QHSE
Les pratiques mises en œuvre par Gustave Eiffel lors de la construction de sa tour reflètent le génie visionnaire de l’homme qui fut aussi un précurseur en management et en communication (mais ça c’est une autre histoire). Sa gestion rigoureuse de la qualité, son souci de l’hygiène et des conditions de travail, son approche proactive de la sécurité, et sa préoccupation pour la durabilité sont les éléments fondateurs des systèmes de gestion QHSE actuels.
Avant l’heure, il a privilégié la traçabilité, la qualité d’exécution, la formation et la prévention des risques avec un niveau d’exigence qui n’a pas à rougir des pratiques modernes.
Si les conditions ont changé, il n’en reste pas moins que nous avons tous des leçons précieuses à tirer de l’approche de Gustave Eiffel pour améliorer nos propres pratiques et notre suivi QHSE.
Nous pouvons nous inspirer de l’esprit et de la culture de la sécurité, de la qualité, et de la durabilité de celui que nous pouvons considérer comme le premier directeur QHSE des temps modernes.
Sources :
- L’excellent livre d’Anne Vermès « Piloter un projet comme Gustave Eiffel » Éditions Eyrolles
- Le passionnant site web de la Tour Eiffel