Juliette de la Salle est la cofondatrice de l’agence-conseil en stratégie RSE « Héros de l’Ordinaire » ou H2O. A l’origine experte de la transformation digitale des entreprises, et forte de son expérience dans l’accompagnement au changement, elle a choisi, en 2020, avec son associée Stéphanie Perez, de passer du côté de la transformation RSE des entreprises en fondant sa propre agence RSE.

Nous l’avons rencontrée lors d’une consultation pour un logiciel de digitalisation de la démarche RSE menée par un de ses clients. Elle a accepté de répondre à nos questions concernant le numérique responsable et son intégration dans la démarche RSE. 

 

logo-herosdelordinaire

 

Izypeo. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Juliette de la Salle. Je suis la cofondatrice, avec Stéphanie Perez, du cabinet de conseil en transformation RSE « Héros de l’Ordinaire » qui a vocation à accompagner les grands comptes, les PME, les starts up et les TPE dans leur transformation RSE ; Stéphanie et moi venons du conseil en transformation digitale.

Nous avons observé que les entreprises se retrouvent face aux mêmes défis de transformation en matière de RSE que lors de la révolution digitale, impliquant un changement profond des mentalités et des comportements.

Le sujet nous tenant à cœur, nous avons mis notre expertise de la transformation des organisations au service de la RSE.

 

Izypeo. Pouvez-vous me présenter rapidement les typologies de projets sur lequel vous travaillez régulièrement ?

Juliette De la Salle. Nous accompagnons nos clients sur l’ensemble de la problématique de transformation RSE. En général, nous commençons par réaliser un audit de l’existant, nous impliquons les parties prenantes dans la définition des enjeux, la conception d’un plan d’actions et la définition d’objectifs pour coller à la stratégie de durabilité de l’organisation. Cette étape nous amène à définir et mesurer des indicateurs qui seront utiles ensuite pour éditer un reporting de durabilité. Nous accompagnons nos clients dans leur transformation et vers la labellisation quand cela est pertinent pour leur stratégie.

En matière de numérique responsable, je suis partenaire de l’agence Lucie et formée pour accompagner les entreprises au label NR (Numérique Responsable), le label des organisations qui s’engagent pour un numérique responsable, sobre, éthique et inclusif.

Le numérique responsable est très populaire en ce moment. Il représente souvent un premier pas pour avancer vers une démarche RSE plus globale.

 

Stratégie RSE - Numérique Responsable

 

Izypeo.  Que recouvre le numérique responsable ?

Juliette De la Salle. Les études évaluent la contribution du numérique aux émissions mondiales de gaz à effet de serre de 2,5 et 4 %.

Si l’impact environnemental du numérique est de plus en plus reconnu, le numérique responsable dépasse cette seule dimension pour englober également les impacts sociaux et sociétaux.

Le numérique responsable est une démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cela implique de minimiser l’impact environnemental des infrastructures et des activités numériques, de promouvoir l’inclusion sociale et de garantir la protection des données personnelles et la cybersécurité.

Une démarche « Numérique Responsable » va donc aborder des sujets en lien avec les thématiques et les piliers d’une stratégie RSE plus globale.

En effet, on ne peut pas limiter la mesure de l’impact du numérique à la mesure de son empreinte carbone.

Nous sensibilisons, par exemple les équipes sur le fait que l’achat de matériel informatique neuf a un impact au niveau social, en lien par exemple avec les conditions d’extraction des matières premières, de fabrication des équipements dans les usines, l’utilisation éventuelle de produits chimiques, etc.

D’autres points clés comme la réduction de la fracture numérique ou l’accessibilité au numérique (personnes en situation de handicap, zones blanches, etc.) sont aussi couverts par le terme de Numérique Responsable.

Le bien-être numérique fait pleinement partie de la thématique du numérique responsable et suppose d’intégrer une réflexion sur le droit à la déconnexion, l‘addiction au numérique etc.

Une stratégie de numérique responsable n’est pas réservée aux entreprises travaillant dans la tech. Chaque organisation est invitée à réfléchir de manière responsable sa façon d’aborder le numérique, que ce soit au niveau des achats, de la communication etc.

Le numérique responsable va au-delà de l’impact environnemental du digital, englobant les dimensions sociales et sociétales du numérique pour aborder la digitalisation et l’essor des nouvelles technologies dans une logique durable.

 

Izypeo. Comment se construit une démarche numérique responsable ? 

Juliette De la Salle. L’approche doit être globale avec un diagnostic, une identification des parties prenantes, une analyse des attentes et des enjeux, une matrice de matérialité, des engagements et bien sûr un plan d’action et des KPI. Des sujets que vous connaissez bien chez Izypeo ! Ce sont les mêmes piliers pour une stratégie pertinente.

Ce qui est intéressant c’est que le numérique responsable est souvent un point d’entrée pour avancer car cela implique tout de suite les achats, le marketing, etc. Le principe peut se décliner aisément.

Nous commençons par identifier un référent NR et une équipe projet. Après avoir établi un premier diagnostic sur les actions déjà en place au sein de l’organisation, nous allons mener un dialogue avec les parties prenantes internes et externes de l’organisation pour identifier les enjeux prioritaires pour l’organisation tant au niveau environnemental que social et sociétal.

Nous accompagnons ensuite les organisations dans la définition d’engagements, d’objectifs et d’un plan d’action afin d’atteindre ces objectifs.

Cela peut aller de l’utilisation de l’open source (partage de la connaissance et travail en mode solidaire et collaboratif) à l’éco conception des solutions logicielles en passant par l’optimisation de l’utilisation de la vidéo sur les sites web, la réduction des emailings en ciblant mieux ses actions ou encore la prolongation de la durée de vie des équipements.

Il est important d’impliquer plusieurs typologies de métier au sein de l’entreprise car, la démarche va impacter bien plus que la DSI de l’organisation. Les achats, la R&D, le marketing, les RH devront être impliqués dans le processus.

La démarche va finalement impacter bien plus que la DSI de l’organisation.  Car le numérique responsable ne peut se limiter à la DSI. Elle concerne tous les services d’une organisation et souvent également ses parties prenantes externes. La communication, l’implication et l’appui de la direction sont des facteurs clés dans la réussite de la construction d’une démarche numérique responsable.

 

Izypeo. Quels sont les principaux enjeux autour du numérique responsable ? 

Juliette De la Salle.  Les deux principaux enjeux du numérique responsable sont la sobriété et l’éco-conception ; En effet, il faut être capable de faire mieux avec moins et n’utiliser que ce qui est nécessaire. En termes de sobriété, cela passe aussi par la capacité à déterminer quand faire appel à la technologie. Est-ce utile d’utiliser une IA ? Est-ce essentiel ?

Et cela ne se réduit pas au stockage des données dans un data center vert. En effet, il faut se poser la question même du stockage de la donnée : ai-je besoin de tout stocker ? ai-je besoin de conserver 10 versions d’un document (même si mon chef est pointilleux) ? D’ailleurs, certaines organisations mettent en place une à deux fois par an des « digital clean up days » où l’objectif est de ranger et nettoyer les bureaux virtuels.

Il y a un vrai sujet sur le stockage des données et le volume stocké « au cas où » … qui engendre un recours au numérique plus important.

Au-delà des pratiques de l’entreprise, l’utilisation du cloud ou la délocalisation d’un service IT n’aura pas le même impact selon le pays. En effet, en France par exemple, le mix énergétique est peu carboné car provenant du nucléaire, alors qu’en Allemagne ou en Inde l’impact carbone sera plus fort (en raison du charbon utilisé pour produire l’électricité par exemple).

Un autre point clé est le sujet de l’employabilité et de la formation des collaborateurs aux technologies numériques.

 

Izypeo. Auriez-vous des conseils à donner aux entreprises qui souhaitent passer au numérique responsable ?

Juliette De la Salle.  Tout d’abord, ne pas hésiter à effectuer un diagnostic pour savoir où on en est. Certaines choses sont faciles à déployer rapidement et sans trop de douleur…

Ensuite, impliquer les parties prenantes internes dans votre démarche et obtenez le support de la direction. Mesurez les résultats des actions mises en place. Et finalement, n’hésitez pas à vous faire accompagner par des experts du numérique responsable.

La labellisation est un très bon outil pour fédérer les équipes sur le projet car cela permet d’avoir une posture concrète avec le visa d’un tiers de confiance.

Il y a de nombreux leviers d’actions pour réduire l’impact du numérique. Ces leviers nécessitent un pilotage des indicateurs suffisamment fin qui peut être géré comme le reste de la démarche RSE dans une solution digitalisée telle que Izypeo.

 

Pour en savoir plus :